Quoi de plus banal que le circuit de sonnerie d'un appartement, même s'il est équipé d'un carillon électronique ? Dans la plupart des immeubles collectifs, cependant, le câblage existant d'origine permet d'introduire très facilement plusieurs « services nouveaux », sans la moindre intervention sur le matériel situé dans les « partie communes ». Le montage que nous allons décrire rendra certainement de fiers services à ceux de nos lecteurs qui reçoivent fréquemment des visites tardives, ou a ceux qui se font une spécialité d'oublier la clef du hall ...
Un schéma qui gagne à être connu
Il existe principalement trois types d'installations de sonnerie dans les immeubles collectifs.
Les deux premiers sont strictement « privatifs », un simple bouton de palier commandant une sonnerie ou un carillon placé dans l'appartement. La différence se situe au niveau de l'alimentation, assurée soit par des piles, soit par un transformateur individuel.
Le troisième type d'installation, dit « collectif », est de très loin le plus répandu et le plus riche d'applications pour l'électronicien imaginatif.
Un unique transformateur alimenté par le circuit de minuterie des parties communes fournit du 24 V alternatif à toutes les sonneries, et à une gâche électrique pouvant être commandée depuis chaque appartement, sur appel émanant d'un bouton de sonnerie extérieur.
En l'absence d'interphone, l'inconvénient de ce système est que rien ne permet, d'origine, de distinguer si un appel provient (ou provenait, si l'on tarde à répondre) d'en haut ou d'en bas.
Également, lorsque la porte du hall est verrouillée et qu'il n'y a personne à l'appartement, il faut absolument avoir la clef sur soi pour pouvoir rentrer.
La figure 1 reproduit le schéma électrique d'une telle installation, dont les variantes possibles ne diffèrent que fort peu de ce modèle, qui utilise un strict minimum de fils. Plusieurs remarques peuvent être faites à l'examen de cette figure :
A condition de savoir où chercher, on dispose à l'appartement d'une source « gratuite » de 24 V alternatif sous près d'un ampère en pointe.
Rien n'empêche, moyennant une modification mineure du branchement existant, de raccorder deux sonneries distinctes aux boutons « du haut » et « du bas ».
Normalement commandée par un bouton-poussoir, la gâche de la porte du hall pourrait fort bien être pilotée par un montage électronique quelconque.
Un carillon qui fait du zèle !
Notre schéma de la figure 2 découle tout naturellement des remarques précédentes.
Il utilise deux circuits de carillon qui, fabriqués par SIEMENS, sont rapidement devenus des « standards de l'industrie » :
Un SAB 0600, capable d'émettre un « petit air » composé de trois notes de gong.
Un SAB 0602, se limitant à deux notes, et réglé sur des tonalités différentes.
Un seul haut-parleur (ou plusieurs en parallèle répartis dans l'appartement) est partagé entre les deux carillons, qui fonctionnent également sur une même alimentation de 9 V. Un redresseur monoalternance et un régulateur dérivent cette tension du 24 V général (qui alimente en même temps une petite ampoule logée dans le bouton de porte), mais une pile miniature peut prendre le relais en cas de panne secteur.
La diode IN 4148 évite que la pile ne se décharge lorsque le 24 V est présent.
Le carillon à trois tons est commandé par le bouton situé à la porte de l'appartement.
En parallèle avec ce bouton, on peut prévoir une ampoule REED dont le contact sera maintenu ouvert par un aimant lorsque la porte est fermée.
Comment fonctionnent les Ampoules Reed
Lorsque ce circuit de « préalarme » sera enclenché, le carillon sonnera lors de toute ouverture de la porte.
Vraisemblablement insuffisant pour terroriser un cambrioleur, ce signal pourra servir à mettre en évidence les allées et venues indésirables (jeunes enfants par exemple), ou jouer un rôle de sécurité lorsque la porte n'est pas fermée à clef. Pour pouvoir être commandé par le bouton du rez de chaussée, le carillon à deux tons exige un transistor procédant à la « complémentation logique » du signal : les circuits de la famille SAB 0600 ne se déclenchent en effet que sur réception d'un niveau positif par rapport à la masse.
La présence de cet étage intermédiaire évite d'ailleurs que d'éventuels parasites collectés par le long fil venant du rez de chaussée ne déclenchent intempestivement le carillon.
Le niveau positif délivré par ce transistor ne sert pas qu'à commander le carillon : après une temporisation obtenue par la charge d'un gros condensateur (2 200 ou 4 700 uF, voire encore plus), il vient rendre conducteur un triac relié au fil de la gâche électrique.
Sauf si la gâchette du triac est court-circuitée par l'inverseur « manuel-auto », le fonctionnement suivant est obtenu :
un appui bref sur le bouton du rez de chaussée fait simplement sonner le carillon à deux tons.
un appui long (plus d'une à deux secondes, suivant la valeur du condensateur) fait sonner ET alimente la gâche, ce qui permet de rentrer même sans la clef ! Bien sûr, ce circuit devra être neutralisé la nuit ou en cas d'absence.
Il est souhaitable que la temporisation soit suffisamment longue, afin d'éviter que n'importe qui ne découvre le « truc » par hasard.
Comme il est difficile de dépasser 4 700 uF (tension de service 6 ou 10 V), on pense tout naturellement à augmenter la résistance d'alimentation.
La valeur de 120 ohms qui a été choisie permet tout juste l'amorçage d'un triac de qualité courante. Pour l'augmenter, il faut absolument employer un triac de type sensible, c'est-à-dire à faible courant de gâchette dans les quatre quadrants. Lorsque la résistance est trop forte pour les possibilités du triac, la gâche ne se trouve pas alimentée, ou bien alimentée par saccades. Dans ce dernier cas, cependant, la porte s'ouvre tout de même, mais il faut insister un peu.
Réalisation pratique
Le circuit imprimé de la figure 3 est prévu pour recevoir tous les composants du montage, à l'exception des inverseurs manuel/auto et marche/arrêt du circuit de pré-alarme.
On le câblera conformément au plan de la figure 4 avant de le monter dans un boîtier approprié.
On pourra avantageusement utiliser une boîte LEGRAND pour prise de courant 32 ampères (cuisinière), qui existe en versions saillie et encastrée, chez tout bon électricien.
On découpera une plaque de plastique ou d'isorel pour faire un couvercle qui recevra le haut-parleur. Eventuellement, une grille ou un tissu décoratif pourront être ajoutés.
Pour le raccordement, on aura intérêt à ramener tous les fils dans cette boîte, et à procéder là à toutes les interconnexions nécessaires.
Rappelons que les circuits de sonnerie se câblent avec du fil rigide de 6 à 10 dixièmes, par exemple du fil téléphonique.
Il n'y a généralement aucun danger à travailler sous tension, mais on s'efforcera d'éviter tout court-circuit de longue durée sur l'arrivée 24 V.
On accordera un soin particulier au choix du ou des haut-parleurs du carillon : le signal généré par les circuits intégrés permet d'obtenir une fort belle sonorité sur un haut-parleur convenable. Un HP miniature de 5 cm ne suffit généralement pas, car donnant un son aigrelet assez agaçant. Un meilleur choix serait un HP récupéré sur un récepteur ou un magnétophone de bonne qualité, ou l'une de ces petites boules pour autos-radios.
Généralement vendues par deux, ces « enceintes » n'auront pas à faire preuve de caractéristiques HIFI, mais pourront être placées en deux points différents de l'appartement.
Leur couplage, série ou parallèle, dépendra de l'intensité sonore souhaitée.
Notons que ce montage, associé à un haut-parleur de 4 ohms au lieu de 8 et de bon rendement, est capable de délivrer un niveau plus que notable, pouvant même convenir à un malentendant.
Conclusion
Voici donc un montage qui, bien que plus petit que la plupart des carillons courants, offre un certain nombre de « plus » par rapport à une installation de sonnerie classique. N'exigeant cependant aucune intervention au niveau du câblage des parties communes de l'immeuble, il peut être installé sans crainte d'ennuis avec la copropriété.
On veillera néanmoins à faire un usage discret du système de commande automatique de la gâche, dont la confidentialité fait partie intégrante du principe de fonctionnement.