Bien souvent, lorsqu'une voiture refuse obstinément de démarrer, l'allumage ou les bougies sont mises en cause. Sans démonter aucune pièce, la petite réalisation que nous vous proposons ce mois-ci vous permettra de vérifier si les bougies sont correctement alimentées, voire de vérifier si la bobine fonctionne correctement. Vous pourrez ainsi rapidement déterminer quelle partie est à mettre en cause et ne procéder au démontage des bougies que si, effectivement, la haute tension nécessaire à leur fonctionnement est présente. En cas contraire, il sera possible de vérifier que le distributeur n'assume plus correctement sa fonction ou que les vis platinées sont collées.
Le principe de fonctionnement de ce montage est extrêmement simple. Comme nous l'avons dit plus haut, les bougies d'une voiture sont alimentées en haute tension. En plaçant donc un simple fil autour de l'un des fils de bougie il sera possible de récupérer une impulsion électrique correspondant à l'arrivée de la haute tension. Bien que de voltage élevé, le signal ainsi obtenu ne possédera qu'une très faible intensité.
Notre réalisation ne sera, en fait, qu'un amplificateur de courant permettant de commander l'éclairement d'une diode électroluminescente. Une légère temporisation, réalisée à l'aide d'un condensateur, permettra de prolonger la durée du flash émis par la diode pour le rendre plus visible ; il sera cependant déconseillé d'utiliser ce montage en plein soleil ou sous lumière vive. Ces quelques points établis, étudions à présent notre réalisation dans ses grandes lignes.
Son entrée comportera deux fils. L'un sera relié à la masse électrique de la voiture, donc en un point quelconque du moteur ou de la carrosserie à condition que celui-ci soit exempt de peinture ou de tout autre produit risquant de nuire à la qualité du contact. Afin de simplifier la mise en place du montage, il sera conseillé d'équiper ce fil d'une pince crocodile. Le second fil, lui, constituera le capteur. Il devra être long d'un mètre environ et sera bobiné autour du fil de bougie à contrôler sur la moitié de sa longueur au moins. L'entrée du montage, au niveau de l'arrivée du fil utilisé comme capteur, sera protégé contre les surtensions à l'aide de deux diodes ; la première reliée vers le + 4,5 volts, la seconde vers le 0 volt. Ainsi la tension appliquée sur la base du premier transistor ne pourra en aucun cas descendre au-dessous de - 0,65 volt, ni monter au-dessus de 5,15 volts. Une protection suffisante sera donc obtenue. Le courant issu du capteur sera donc amplifié par les deux transistors, puis temporisé. L'impulsion obtenue sera alors appliquée à la base du troisième transistor chargé de commander la diode électroluminescente.
La réalisation de ce montage ne doit pas poser de problème. Comme toujours, nous utiliserons une plaquette de câblage munie de bandes cuivrées. Il faudra cependant prendre soin de bien respecter la polarité des diodes ainsi que le brochage des transistors. Pour la diode électroluminescente, rappelons que sa broche la plus longue devra être connectée au 4,5 volts.
Une fois le montage terminé, le test de ce petit appareil est simple. Sur une voiture fonctionnant normalement, le fil-capteur sera bobiné sur l'un des câbles de bougie non déconnecté, puis le fil du 0 volt sera mis en place. Le montage sera alors mis sous tension en l'alimentant à l'aide d'une pile de 4,5 volts. Le moteur du véhicule sera alors démarré et on devra constater le scintillement de la diode électroluminescente. Si tel est le cas, ce testeur d'allumage sera prêt.
Dans le cas d'une voiture en panne, l'appareil sera mis en place de la même manière que précédemment puis le démarreur sera actionné. On vérifiera alors que la diode électroluminescente clignote bien pour chaque fil de bougie.
Si tel est le cas, soit les bougies sont encrassées, soit ... la panne ne concerne pas l'allumage. En cas contraire le fil capteur sera placé directement autour du câble sortant de la bobine. Si, là, la diode s'allume lorsque le démarreur est actionné, la panne se situe probablement au niveau du distributeur. En cas contraire — la plupart du temps — les vis platinées seront à mettre en cause.
Un incident d'allumage beaucoup plus rare, mais fort difficile à détecter : le moteur démarre sans problème, mais c'est une fois sur la route que les ennuis apparaissent. La voiture roule, mais le moteur cafouille dès qu'on veut dépasser un certain régime ; impossible, par exemple, d'aller à plus de 60 km/h en quatrième.
A priori on pense qu'il s'agit d'un problème de carburation, alors qu'en réalité (nous avons connu le cas) ce sont des câbles d'allumage, maintenant antiparasites et faits d'un fil très mince bobiné en long, qui sont à mettre en cause.
On vérifiera donc les câbles de bougie au départ du distributeur, puis au niveau de la bougie ; même chose pour le câble entre la bobine et le distributeur.
Si l'éclat de la diode change le long du câble, c'est celui-ci qui est défaillant et qui, sur le moment, peut-être remplacé par n'importe quel conducteur correctement isole.
Henri-Pierre Penel
Science et Vie N828 septembre 1986