La fameuse prise « péritélévision » n'étant oligatoire que sur les téléviseurs couleur actuellement fabriqués, les constructeurs font évidemment l'économie de cet accessoire sur leurs postes noir et blanc.
Pourtant, on souhaiterait bien souvent connecter à de tels récepteurs (notamment portatifs), des appareils tels que micro-ordinateurs, jeux vidéo, magnétoscopes, caméras, ou adaptateurs divers. Par ailleurs, il est toujours intéressant de disposer d'entrées et de sorties vidéo 75 ohms pour toutes sortes d'applications. Le petit montage qui va être décrit ici permet de combler cette lacune en facilitant l'adjonction d'une prise « péritel » à pratiquement n'importe quel téléviseur noir et blanc.
Le développement de la micro-informatique, des jeux vidéo, et ... de CANAL PLUS, a rendu célèbre cette prise à 21 circuits dont on se demandait, il y a encore peu d'années, quel pouvait bien être le rôle.
Comme son nom l'indique, la prise PERITELEVISION (péritel n'étant qu'une abréviation abusive) sert à connecter au téléviseur toutes sortes de PERIphériques, dont certains ne sont encore qu'à l'état de projet.
Pour permettre ces connexions, la prise doit donc donner accès aux principaux circuits du récepteur, dans des conditions parfaitement identiques d'un appareil à un autre (en théorie du moins, comme peuvent en témoigner bien des abonnés de notre chère « quatrième chaîne » !).
On trouve donc sur le connecteur des entrées et sorties son (prévues pour la stéréo), une sortie vidéo normalisée 75 ohms 1 volt crête à crête, et une entrée vidéo pouvant accepter soit un signal composite (1 V 75 ohms) soit des informations « R, V, B, S » (Rouge, Vert, Bleu, Synchro).
C'est cette dernière possibilité qui permet à un téléviseur couleur SE-CAM de faire bonne figure en face d'un ordinateur fonctionnant en PAL.
En noir et blanc, bien sûr, il convient de mixer ces quatre composantes pour obtenir la vidéo proprement dite. Si les sorties son et image « recopient » en permanence les signaux reçus de l'antenne, en revanche les entrées ne sont actives qu'à partir du moment où une commutation spéciale est établie, qui transforme le récepteur en MONITEUR.
C'est parfois une touche spéciale (magnétoscope, ligne, etc) qui permet d'établir cette commutation, mais le plus souvent, il faut appliquer une tension positive extérieure comprise entre 10 et 12 V sur la broche N° 8 de la prise « péritel ».
Ainsi, un équipement extérieur peut véritablement « télécommander » le téléviseur.
Une fois la commutation effectuée, on peut appliquer au récepteur des signaux son et vidéo extérieurs, ou lui « retourner » ceux qu'il a reçus de l'antenne, après leur avoir fait subir un traitement quelconque.
Le premier cas correspond au raccordement d'un ordinateur ou d'un jeu vidéo, le second à celui d'un décodeur ANTIOPE ou CANAL PLUS.
La commutation des signaux son n'étant qu'un simple formalité (câblage d'un relais), nous nous intéresserons seulement ici à la question des signaux vidéo, dans le cas particulier d'un récepteur noir et blanc.
Ce récepteur devra cependant être capable de visualiser correctement des signaux « R, V, B, S » provenant, par exemple, d'un ordinateur.
La figure 1 montre que la toute première phase de l'adaptation doit être la recherche, dans le schéma du téléviseur, du point optimal d'insertion du circuit adaptateur.
Le signal vidéo doit en effet être prélevé juste à la sortie des circuits de réception, et injecté en amont de la dérivation alimentant le séparateur de tops de synchro.
A défaut de cette précaution, en effet, l'image provenant d'une source externe ne pourrait pas se stabiliser !
A ce niveau des circuits d'un téléviseur, le niveau du signal est généralement voisin de 3 volts crête à crête, sous une impédance fort différente de 75 ohms.
Différentes adaptations sont donc à prévoir en plus des fonctions de commutation proprement dites.
La figure 2 reproduit le schéma-bloc d'un petit circuit intégré spécialement développé par SIEMENS pour faciliter l'adjonction de prises péritélévision aux téléviseurs les plus divers. C'est à partir de ce TDA 5860 que nous avons étudié le montage dont la figure 3 donne le schéma de principe.
Le signal vidéo est prélevé, sous haute impédance, à travers un condensateur de 0,47 uF. La composante continue n'est donc pas transmise, ce qui oblige le préamplificateur incorporé à « clamper » le signal (ou à le « réaligner », comme nos lecteurs le savent fort bien !)
Un étage tampon transforme ce signal en une vidéo normalisée 1 V / 75 ohms, utilisable pour tous usages.
Une application possible serait l'attaque d'un moniteur couleur (non assujetti à la redevance TV) par le signal issu du récepteur noir et blanc (passible d'une taxe réduite !) à condition d'adjoindre un décodeur Secam à l'ensemble.
Un commutateur commandé par un niveau logique externe assure l'aiguillage, à l'entrée de l'ampli vidéo final, soit du signal interne, soit de la vidéo issue de l'entrée 75 ohms 1 volt c / c, préalablement « clampée » et amplifiée.
Dans notre montage, cette vidéo est obtenue par addition des signaux R, V, B, et S dans un mélangeur à résistances. La prise péritel pourra donc accepter indifféremment un signal vidéo composite (sur sa broche 20), ou un signal « R, V, B, S » (sur les broches 15, 11, 7 et 20).
Dans le cas de signaux vidéo « informatiques », il pourra être avantageux d'atténuer les composantes « R, V, B », dont l'amplitude atteint souvent 5 volts, afin d'assurer une bonne transcription des couleurs par des nuances de gris.
Il suffira alors d'augmenter, par essais successifs, la valeur des trois résistances concernées.
La place est prévue pour un interrupteur permettant de « forcer » la commutations même en l'absence de tension sur la broche 8. Une diode empêche tout retour de tension vers un quelconque dispositif extérieur (du 12 volts ne ferait guère de bien sur la ligne 5 volts d'un ordinateur, par exemple ...)
La tension extérieure à appliquer à la broche 8 est en effet normalement de 12 volts, mais nous avons pu constater que la commutation s'opère même en 5 volts.
La sortie vidéo, se fait à travers une petite self de 10 uF, en parallèle avec une résistance de 1000 ohms.
Comme il est d'usage de le faire en vidéo, on réalisera cet ensemble en bobinant 80 spires de fil émaillé 25 / 100 sur le corps d'une résistance de 1000 ohms 1 / 2 watt.
Cette disposition améliore la réponse aux basses fréquences vidéo.
Le câblage du circuit imprimé de la figure 4 d'après le plan de la figure 5 ne soulève guère d'autre commentaire. L'embase « péritel » se soude directement sur la carte, et possède deux trous permettant la fixation solide de l'ensemble dans une découpe pratiquée dans le boîtier du téléviseur.
Pour les raccordements aux circuits du récepteur, on cherchera à perturber le moins possible le câblage d'origine : on conservera le même type de fil (blindé ou normal), et on fera aussi court que possible.
Dans tous les cas, il sera hautement souhaitable de disposer du schéma du récepteur.
L'alimentation du module peut se faire en + 10 à 15,8 V : il est généralement facile de prélever cette tension dans le récepteur lui-même.
Nous avons installé notre maquette dans un récepteur combiné radio-cassette-TV connu chez PHILIPS sous la dénomination « QUATOR », et fort bien adapté à un usage informatique.
L'entrée sur prise « péritel » permet de ne rien perdre de la définition offerte par les ordinateurs modernes, et par l'excellent tube noir et blanc de 23 cm.
Cette qualité d'image ne souffre d'ailleurs pas, en réception TV, de l'adjonction d'un maillon de plus dans la chaîne vidéo : un bon point pour le TDA 5850 !
Patrick GUEULLE
Electronique Loisir Numéro 452
Juillet 1985